Insuline: une petite introduction
L’insuline est une hormone qui régule les niveaux de sucre dans votre sang. On parle de glycémie, ce qui correspond à la quantité de glucose contenue dans le sang et qui est habituellement exprimée en grammes par litre de sang. Lorsque vous mangez un repas, les glucides de votre repas sont décomposés en molécules de glucose. Le glucose passe dans votre sang. Votre pancréas détecte la hausse du glucose et libère de l’insuline. L’insuline permet au glucose d’entrer dans votre foie, vos muscles et vos cellules adipeuses. Une fois que votre glycémie commence à redescendre, les niveaux d’insuline retombent également. Ce cycle se produit tout au long de la journée. Vous mangez un repas, votre glycémie augmente, l’insuline augmente, la glycémie diminue et l’insuline diminue. Le niveau d’insuline est généralement au plus bas le matin au réveil puisque votre dernier repas remonte généralement a la veille, soit au moins 8-10 h avant.
L’insuline ne régule pas seulement la glycémie. Elle a beaucoup d’autres fonctions. Par exemple, elle stimule vos muscles à créer de nouvelles protéines (un processus appelé la synthèse protéique). Elle inhibe également la lipolyse (la dégradation des graisses) et stimule la lipogénèse (la création/synthèse des graisses).
C’est d’ailleurs pour cette dernière fonction qu’elle a si mauvaise réputation. Etant donné que les glucides stimulent votre corps à libérer de l’insuline, certaines personnes avancent qu’un régime riche en glucides vous fera forcement grossir en se basant sur le raisonnement suivant:
Diète riche en glucides → Taux d’insuline élevé → Lipogenèse accrue / Lipolyse diminuée → Augmentation de la graisse corporelle → Obésité
Suivant cette même logique, ils font valoir qu’un régime faible en glucides est le meilleur pour la perte de graisse, car les niveaux d’insuline sont faibles. Voici leur raisonnement:
Régime à faible teneur en glucides → Insuline faible → Lipogenèse diminuée / Lipolyse accrue → Diminution de la graisse corporelle
Cependant, cette logique repose sur de nombreux mythes. Examinons plusieurs des mythes entourant l’insuline.
Mythe : Un régime à forte teneur en glucides conduit à des niveaux d’insuline chroniquement élevés
Réalité : Chez un individu en bonne santé, l’insuline n’est élevée que dans la période qui suit un repas
Une idée reçue concernant une consommation élevée de glucides est qu’elle entraînera des niveaux d’insuline chroniquement élevés, ce qui signifie que vous gagnerez du poids parce que la lipogenèse dépassera constamment la lipolyse (rappelez-vous que la prise de gras ne peut se produire que si le taux de lipogénèse dépasse le taux de lipolyse). Cependant, chez une personne en bonne santé, l’insuline n’est élevée que dans la période qui suit un repas . Cela signifie que la lipogenèse ne dépassera que la lipolyse pendant les heures qui suivent un repas (connu sous le nom de période postprandiale). Pendant les périodes de jeûne (comme les temps prolongés entre les repas, ou lorsque vous dormez), la lipolyse dépassera la lipogénèse (c’est-à-dire que vous brûlerez de la graisse). Sur une période de 24 heures, tout sera équilibré (en supposant que vous ne consommez pas plus de calories que vous n’en dépensez), ce qui signifie que vous ne prendrez pas de poids. Voici un graphique montrant comment ça marche en réalité :
Après les repas, la graisse est déposée à l’aide d’insuline. Cependant, entre les repas et pendant le sommeil, vous perdez de la graisse. L’équilibre des matières grasses sera égal à zéro sur une période de 24 heures si la consommation d’énergie correspond aux dépenses énergétiques (c-à-d. si vous consommez autant de calories que vous en brûlez).
Ce n’est qu’un graphique approximatif, mais la zone verte représente la lipogénèse qui se produit suite à un repas. La zone bleue représente la lipolyse en réponse au jeûne entre les repas et pendant la nuit. Sur une période de 24 heures, celles-ci seront équilibrées en supposant que vous ne consommez pas plus de calories que vous n’en dépensez. Et même si votre consommation de glucides est élevée, ça reste vrai. En fait, il existe des populations entières qui consomment des régimes riches en glucides et n’ont pas de problèmes d’obésité. exemple : l’alimentation traditionnelle des Okinawans. De plus, dans le cas où l’apport énergétique est inférieur à la dépense énergétique, un régime alimentaire élevé en glucides entraînera une perte de poids comme tout autre régime alimentaire.
Mythe : Les glucides entrainent une augmentation de l’insuline, ce qui entraîne le stockage des graisses
Réalité : Votre corps est capable de synthétiser et de stocker les graisses même lorsque le taux d’insuline est faible
L’un des plus grands mythes à propos de l’insuline, c’est qu’elle est nécessaire pour le stockage des graisses. Ce n’est pas le cas. Votre corps a des moyens de conserver et de stocker les graisses, même si le taux d’insuline est faible. Il existe une enzyme dans vos cellules graisseuses appelée La lipase hormonosensible (LHS, hormone-sensitive lipase (HSL) en anglais). La HSL aide à hydrolyser les triglycérides de réserve (lipolyse périphérique) c’est à dire à dégrader les graisses. L’insuline supprime l’activité de la HSL et supprime ainsi la dégradation des graisses. C’est pour cette raison que les glucides sont pointés du doigt lors d’une prise de gras.
Cependant, la graisse supprime également la HSL même lorsque les niveaux d’insuline sont faibles. Cela signifie que vous ne serez pas en mesure de perdre de la graisse même lorsque l’apport en glucides est faible, dans le cas ou vous mangez trop de calories. Si vous ne consommez absolument pas de glucides mais 5 000 calories issues de matières grasses, vous ne perdrez pas de gras bien que les niveaux d’insuline soient bas. Simplement parcequ’une consommation élevée de matières grasses supprime la HSL. Cela signifie aussi que si vous suivez un régime faible en glucides, vous devez également consommer moins de calories que vous n’en dépensez pour perdre du poids.
Je sais que certaines personnes vont dire : ”Essaie de consommer 5000 calories d’huile d’olive pour voir ce que ça fait“. Effectivement 5000 calories d’huile d’olive, c’est clairement pas le top et ca va être difficile à realiser mais je ne pense pas que consommer 5000 calories de sucre de table ne soit facile non plus.
Mythe : L’insuline donne faim
Réalité : L’insuline supprime la sensation de faim
Il est bien connu que l’insuline supprime fortement l’appétit. Cela a été démontré dans des dizaines et des dizaines d’expériences. Gardez celà à l’esprit, ce qui sera important lorsque nous parlerons de la prochaine idée reçue …
Mythe : Les glucides sont les seules responsables de l’augmentation du taux d’insuline
Réalité : les protéines stimulent fortement la sécrétion d’insuline également
C’est probablement la plus grande idée reçue sur le sujet. Les glucides ont mauvaise reputation a cause de leur effet sur l’insuline, mais les protéines stimulent également la sécrétion d’insuline. En réalité, les protéines peuvent être un stimulus tout aussi puissant que les glucides concernant l’insuline. Une étude récente a comparé les effets de deux repas différents sur le niveau d’insuline:
- Repas 1 (LP/HC) contenait 21 grammes de protéines et 125 grammes de glucides, donc élevé en glucides et faible en protéines.
- Repas 2 (HP/LC) contenait 75 grammes de protéines et 75 grammes de glucides, donc élevé en protéines et faible en glucides.
- Les deux repas contenaient 675 calories.
Voici un graphique de la réponse insulinique:
Voici maintenant un tableau de la réponse du taux de sucre dans le sang (Taux de glucose sanguin = glycémie):
Vous pouvez donc constater que malgré le fait que le taux de glucose sanguin était beaucoup plus élevé suite au repas élevé en glucides, le taux d’insuline n’était pas plus élevé. En realité, la réponse insulinique était un peu plus élevée après le repas riche en protéines, bien que cela n’ait pas été statistiquement significatif.
Certaines personnes pourraient avancer que le repas 2 n’était pas “faible en glucides” avec un apport de 75 grammes mais on s’en fiche! Le fait est que le repas 1 était 2 fois plus élevé en glucides, avec une réponse glycémique bien plus importante que le repas 2, mais que la sécrétion d’insuline était légèrement inférieure. Ce qui montre que les protéines sont tout aussi puissantes pour stimuler l’insuline que les glucides.
Certains vont peut-être dire : « Oui, mais la réponse insulinique est plus longue et plus étirée avec les protéines ». Ce qui n’est pas, non plus, le cas dans cette étude.
Comme vous pouvez le voir sur le graphique, il y avait une tendance à une augmentation plus élevée de l’insuline avec les protéines, avec une réponse moyenne de 45 uU / mL 20 minutes après le repas, contre environ 30 uU / mL pour le repas riche en glucides.
Cette tendance à une plus grande réponse en insuline a été associée à une meilleure suppression de l’appétit. Les sujets avaient moins faim et une meilleure sensation de satiété après le repas riche en protéines:
Droite (A.): Faim / Gauche (B.): Satiété
Voici les résultats d’une autre étude qui a comparé les effets de 4 différents types de protéines sur la réponse insulinique suite à un repas. Dans cette étude, les protéines étaient consommées sous forme de milk-shakes (Un milk-shake au thon svp…. MIAM !). Chaque shake contenait 11 grammes de glucides et 51 grammes de protéines. Voici la réponse insulinique aux différents shakes:
Egg = Oeuf / Turkey = Dinde / Fish = Poisson / Whey = Protéines de lactosérum
Vous pouvez constater que toutes ces protéines provoquent une réponse insulinique, bien que l’apport en glucides des shakes soit très faible. Il y avait également différentes réponses insulinique en fonction des protéines, le lactosérum produisant la plus haute réponse en insuline.
Maintenant, certains pourraient avancer que la réponse est due à la gluconéogenèse (un processus par lequel votre foie convertit les protéines en glucose). L’idée serait donc que les protéines seraient converties en glucose, ce qui augmenterait le taux d’insuline. Et comme mentionné ci-dessus, certains affirment que cela entraînerait une réponse insulinique beaucoup plus lente et plus longue, car il faut du temps pour que votre foie transforme les protéines en glucose. Cependant, ce n’est pas le cas, car la réponse à l’insuline a été rapide, atteignant un pic dans les 30 minutes suivant les shakes et redescendant rapidement à 60 minutes:
Réponse insulinique aux différents types de protéines
Cette réponse insulinique rapide n’est pas due à des variations du glucose sanguin. La preuve, la whey, qui a provoqué la plus grande réponse insulinique, a aussi provoqué une baisse du glucose sanguin (glycémie):
Variation du glucose sanguin suite aux différents types de protéines
Au cours de cette étude, la réponse insulinique a été associée à une suppression de l’appétit. La whey, qui avait la plus forte réponse à l’insulinique, a provoqué la plus forte suppression de l’appétit. Voici un graphique montrant l’apport calorique des sujets au cours de leur déjeuner (4 heures après avoir bu leur shake):
Apport calorique du déjeuner, 4 heures après avoir consommé diverses protéines
Les sujets ayant consommé de la whey ont mangé environ 150 calories de moins que les autres au cours de leur déjeuner. C’est aussi la whey qui a provoqué la plus grande réponse en insuline. En réalité, Il existe une corrélation inverse extrêmement forte entre l’insuline et l’apport alimentaire (corrélation de -0,93).
Voici les données d’une autre étude qui a examiné la réponse insulinique suite à un repas contenant 485 calories, 102 grammes de protéines, 18 grammes de glucides et presque pas de matières grasses:
Réponse insulinique d’un repas riche en protéines et faible en glucides chez des personnes maigres et obèses.
Vous pouvez constater que la réponse insulinique est très forte chez les sujets obèses, probablement en raison de leur résistance à l’insuline. Ci-dessous, un graphique présentant la réponse glycémique. Vous pouvez voir qu’il n’y avait aucune relation entre la réponse glycémique et insulinique, ce qui est donc similaire à l’étude discutée précédemment.
Réponse glycémique d’un repas riche en protéines et faible en glucides chez des personnes maigres et obèses.
Le fait est que les protéines sont un puissant stimulant de la sécrétion d’insuline, et cette sécrétion d’insuline n’est pas liée aux changements de glycémie ou due à la gluconéogenèse provenant des protéines. Une étude a même mis en evidence que le boeuf stimulait autant de sécrétion d’insuline que du riz complet. La réponse glycémique de 38 aliments différents ne pouvait seulement expliquer 23% de la variabilité de la sécrétion d’insuline dans cette étude. Du coup, on peut en conclure qu’il y a beaucoup plus de facteurs en jeu derrière la sécrétion d’insuline que seulement les glucides.
Alors, comment les protéines peuvent-elles provoquer des augmentations rapides d’insuline, comme le montre l’étude avec la whey ci-dessus ? Les acides aminés (les éléments constitutifs des protéines) peuvent stimuler directement votre pancréas pour produire de l’insuline, sans avoir besoin d’être convertis en glucose avant. Par exemple, la leucine stimule directement les cellules du pancréas pour produire de l’insuline, et il existe une relation dose-réponse directe (c’est-à-dire que plus il y a de leucine, plus il y a d’insuline produite).
Certains diront: «Bien sûr, les protéines provoquent une sécrétion d’insuline, mais cela ne supprimera pas l’utilisation des graisses car elle provoque également une sécrétion de glucagon qui contrecarre les effets de l’insuline». Comme je l’ai mentionné plus tôt : l’insuline inhibe la lipolyse. Eh bien, certaines personnes pensent que le glucagon augmente assez la lipolyse pour annuler l’action de l’insuline complètement.
L’idée que le glucagon augmente la lipolyse repose sur 3 principes: le fait que le tissu adipeux humain a des récepteurs de glucagon, le fait que le glucagon augmente la lipolyse chez les animaux, et le fait que le glucagon a montré une augmentation de la lipolyse dans les cellules adipeuses humaines in vitro (en une culture cellulaire). Cependant, ce qui se passe in vitro n’est pas nécessairement ce qui se produit in vivo (dans votre corps). Des données plus récentes nous permettent de bousculer les vieilles croyances. Une etude utilisant des techniques modernes a démontré que le glucagon n’améliore pas la lipolyse chez l’homme. D’autres recherches utilisant les mêmes techniques ont montré des résultats similaires. J’ajouterai également que cette dernière étude n’a pas trouvé d’effet lipolytique in vitro…
Il faut se rappeler du :
Pourquoi le glucagon est libéré en réponse aux protéines initialement?
Puisque les protéines stimulent la sécrétion d’insuline, cela entraînerait une chute rapide de la glycémie sans une consommation de glucides avec les protéines. C’est le glucagon qui empêche cette baisse rapide de la glycémie en stimulant le foie pour produire du glucose.
Mythe : Les pics d’insuline sont « mauvais pour la santé“
Réalité : Les pics d’insuline sont d’une importance critique pour un fonctionnement physiologique normal
Nous avons pu voir que les protéines provoquent des pics d’insuline tout comme les glucides et que ce n’était pas lié à la gluconéogenèse. J’ai également montré en quoi ces pics sont en partie responsables de la suppression de l’appétit entrainé par la consommation de protéines (en raison des effets de l’insuline sur votre cerveau pour inhiber l’appétit).
Je veux m’étendre sur l’importance des pics d’insuline rapides suite à un repas et en quoi ils sont importants dans le regulation de la glycemie. Pour ce faire, nous devons discuter des différentes phases de la sécrétion d’insuline. La sécrétion d’insuline à partir du pancréas se fait en deux phases. La première phase se produit très rapidement; votre pancréas détecte la hausse du glucose dans le sang, et l’insuline est libérée dans les 1-2 minutes suite à l’augmentation de la glycémie. Cette réponse rapide est possible grâce à l’action du pancréas qui libère l’insuline stockée. Cette phase ne dure pas plus de 10 minutes. Cette phase rapide est problématique chez les personnes ayant des problèmes d’intolérance aux glucose (IGT en anglais : personnes ayant des réponses glycémiques plus élevées après les repas ainsi qu’un taux de glycémie plus élevé à jeun, mais qui ne sont pas diabétiques). Cette réponse en phase rapide est complètement absente chez les personnes atteintes de diabète de type 2.
Il y a une deuxième phase qui se poursuit tant que le glucose sanguin est élevé. Cette deuxième phase de la sécrétion d’insuline est obtenue via la libération de l’insuline stockée, ainsi que la création de nouvelle insuline (l’insuline est créée à partir d’un précurseur appelé pro insuline). Lorsque vous administrez du glucose intraveineux chez des personnes en bonne santé et chez des diabétiques de type 2, vous obtenez les résultats suivants:
Vous pouvez constater que les diabétiques n’ont pas de réponse rapide (le pic d’insuline entre 0 et 10 min) qui est présente chez les personnes en bonne santé.
Il existe un médicament appelé exénatide (Byetta), qui permet de restaurer cette phase rapide de la sécrétion d’insuline chez les diabétiques:
Les réponses insulinique chez des diabétiques de type 2 et des individus en bonne santé, à qui a été administré du glucose par voie intraveineuse. Les cercles blancs représentent la réponse insulinique des diabétiques de type 2 lorsqu’ils reçoivent un placebo. Les carrés représentent la réponse insulinique des diabétiques lorsqu’ils ont reçu de l’exénatide. Vous pouvez voir que l’exénatide restaure la réponse rapide de la sécrétion d’insuline. Les cercles noirs représentent la réponse insulinique des personnes en bonne santé.
Cette restauration de la réponse rapide de la sécrétion d’insuline améliore la régulation de la glycémie chez les diabétiques:
Réponse glycolique suite à un repas chez des diabétiques de type 2. Les cercles blancs représentent les sujets qui ont reçu un placebo. Les triangles et cercles noirs représentent les sujets qui ont reçu de l’exénatide.
Vous pouvez constater sur le graphique ci-dessus que le taux de glucose sanguin est resté stable suite à un repas chez les sujets ayant reçu de l’exénatide, mais a progressivement augmenté chez les sujets ayant reçu le placebo.
Beaucoup de gens aiment attribuer l’obésité et la prise de poids à l’insuline, mais l’exénatide, qui rétablit les pics d’insuline chez les diabétiques de type 2, provoque une perte de poids:
Effets de l’exénatide (Byetta) sur le poids
Une partie de cette perte de poids est due à une amélioration de la satiété. L’exénatide est un médicament qui imite les effets d’une hormone appelée GLP-1 (Glucagon-Like Peptide-1). La GLP-1 est une hormone intestinale stimulant la sécretion d’insuline (connue sous le nom d’incrétine). La GLP-1 potentialise la sécrétion d’insuline, augmente la synthèse de l’insuline, augmente l’expression du gène de l’insuline et inhibe la sécrétion de glucagon (hormone opposée de l’insuline). Pourtant, l’exénatide, qui imite la GLP-1 et aide à stimuler la sécrétion d’insuline, provoque une perte de poids.
Les pics d’insuline ne sont pas une mauvaise chose en soi. Les protéines provoquent des pics d’insuline, mais les protéines réduisent l’appétit et contribuent à la perte de poids. La GLP-1 et les médicaments comme l’exénatide contribuent aux pics d’insuline, mais ils réduisent l’appétit et provoquent une perte de poids. Le problème est que les gens confondent pics d’insuline et pics de glycémie. Il est bien établi que les variations rapides de la glycémie peuvent entrainer la faim. Du fait que les augmentations rapides de la glycémie provoquent également des augmentations rapides de l’insuline, les gens finissent par blâmer l’insuline (et les effets des glucides à IG élevés sur l’insuline) pour ce problème.
Mythe : Étant donné que les diabétiques qui s’injectent de l’insuline prennent du poids, cela signifie que l’insuline est la raison pour laquelle les non-diabétiques prennent aussi du poids.
Réalité : L’amyline est co-sécrétée avec l’insuline chez les non-diabétiques; l’amyline a des effets lipolytiques inhibiteurs de l’appétit
L’amyline est une hormone qui est sécrétée par votre pancréas en même temps que l’insuline. L’amyline diminue l’appétit et également la lipolyse (dégradation des lipides qui conduit à la libération des acides gras).
Les diabétiques de type 1 ne produisent pas d’amyline et la sécrétion d’amyline est altérée chez les diabétiques de type 2. Il a été trouvé que le medicament pramlintide (SYMLIN), qui imite les effets de l’amyline, provoquait une perte de poids chez les diabétiques.
Cette information démontre que les effets de l’injection d’insuline chez un diabétique ne peuvent pas être comparés aux effets des changements physiologiques de l’insuline chez un non-diabétique, mais beaucoup de gens font cette comparaison comme si leurs situations étaient similaires.
Mythe : Réduire le taux d’insuline régule mieux l’appétit
Réalité : L’insuline est l’une des nombreuses hormones essentielles à la satiété
Nous avons déjà abordé ce mythe ci-dessus en demontrant comment les protéines stimulent fortement la sécrétion d’insuline et contribuent à réduire l’appétit. De plus les injection d’insuline réduisent également l’appétit. Pour la petite anecdote : lorsque vous supprimez les récepteurs d’insuline du cerveau d’une souris, celle-ci surconsomme jusqu’a devenir obése.
Mythe : Toutes ces informations ne s’appliquent qu’aux personnes en bonne santé
Réalité : Ces informations s’appliquent à l’obésité et au diabète
Certaines personnes pensent que les informations de cet article ne s’appliquent qu’aux individus en bonne santé, et pas aux personnes diabétiques ou obèses. Que le contrôle de l’insuline est primordial pour les personnes diabétiques ou obèses. Pourtant ce n’est pas le cas. Nous pouvons le déduire à partir des informations mentionnées plus haut dans cet article (par exemple, comment l’exénatide rétablit les pics d’insuline et améliore le contrôle de la glycémie et du poids chez les diabétiques), mais il a également été prouvé que les régimes riches en protéines aident les diabétiques et les personnes obèses, en dépit du fait que les protéines soient un puissant stimulant de la sécrétion d’insuline.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, les gens semblent confondre le contrôle de la glycémie et le contrôle de l’insuline. C’est la gestion de la glycémie elle-même qui est en partie responsable des avantages pour la santé des glucides à IG bas, ou de la réduction de l’apport en glucides en général, ou de l’augmentation de l’apport en protéines, de la consommation de fibres ou de la consommation de fruits et légumes ou de la consommation d’aliments complets (non-transformés) par rapport aux aliments industriels. Ce n’est pas le contrôle de l’insuline; le contrôle de l’insuline finit par être un sous-produit de ces autres comportements grâce à des améliorations de la sensibilité à l’insuline (la manière dont vos cellules sont sensibles à l’insuline) et une réduction des fluctuations de la glycémie.
L’insuline n’est peut-être pas une hormone maléfique après tout ?!
Comme nous venons de le voir, l’insuline n’est finalement pas cette horrible hormone qui vous rend obèse et qui doit être maintenue aussi bas que possible. C’est une hormone très importante qui régule l’appétit et la glycémie. Si vous voulez vraiment garder votre taux d’insuline aussi faible que possible, alors vous devrez manger un régime faible en protéines, faible en glucides et riche en lipides (matières grasses). Bizarrement je vois rarement ce genre de recommandations circuler…
Je suis sûr qu’en lisant cet article, certains auront une dissonance cognitive. Je le sais parce que j’ai connu la même incrédulité, il y a des années, quand j’ai découvert cette etude et comment les protéines provoquaient de grandes réponses insuliniques. À l’époque, j’avais les mêmes convictions que beaucoup d’entre vous … à savoir qu’il faut garder son insuline aussi bas que possible, que les pics d’insuline sont mauvais pour la santé et qu’il faut supprimer tout aliment ayant un IG elevé. J’avais du mal à concilier cette étude et mes croyances concernant l’insuline. Pourtant, en lisant plus de recherches sur le sujet je me suis rendu compte que ce que je pensais savoir sur l’insuline était tout simplement faux.
Maintenant, vous vous demandez, peut-être, pourquoi les sucres (glucides) raffinés sont considérés comme malsains. Beaucoup pensent que c’est dû au fait qu’ils provoquent des pics d’insuline. Cependant, ce n’est évidemment pas le cas puisque les protéines peuvent également provoquer des pics rapides d’insuline et qu’elles ne sont pas, pour autant, malsaines pour votre santé. Un problème avec les sucres raffinés réside dans la densité énergétique : il est beaucoup plus facile de consommer beaucoup de calories avec très peu de volume. De plus, les aliments à haute densité énergétique ont souvent un indice de satiété plus faible que les aliments à faible densité énergétique, donc vous consommez plus de calories ET vous avez encore faim ! En réalité, en ce qui concerne les aliments riches en glucides, la densité énergétique d’un aliment est un fort prédicateur de l’indice de satiété de celui-ce (c.-à-d. : Les aliments à faible densité énergétique créent plus de satiété). Il existe d’autres problèmes concernant les sucres raffinés mais cela dépasse le cadre de cet article.
En conclusion : l’insuline ne mérite pas sa mauvaise réputation. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles les protéines contribuent à réduire la sensation de faim et vous aurez des pics d’insuline même avec un régime faible en glucides et élevé en protéines. Au lieu de vous inquiéter de votre taux d’insuline, vous devriez chercher l’alimentation qui vous correspond le mieux au niveau de la satiété et sur le long terme. Chaque personne répond différemment à un regime alimentaire et les résultats sont souvent variables. Gardez à l’esprit que ce qui fonctionne pour quelqu’un ne fonctionnera pas nécessairement pour quelqu’un d’autre.
Recherches et références associées:
Bayesian Bodybuilding PT Course / bayesianbodybuilding.com
James Krieger / www.weightology.net
Stephane Guyenet / www.stephanguyenet.com